14 décembre 2018 à 00:06
LES PIEDS CARRÉS C'est la tuile...
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LES PIEDS CARRÉS C'est la tuile...
Comment se vit le football d'en bas au pays des champions du monde ? FF.fr vous propose une immersion, tout au long de la saison, à Esvres-sur-Indre, un petit village proche de Tours dont le club évolue en cinquième division de district, soit le treizième échelon national, à travers une chronique tenue par un journaliste qui n'est autre que le co-entraîneur de l'équipe. Troisième épisode.
Qui dit arrivée de l'hiver dit début des terrains gras, premiers reports des rencontres, mais aussi, souvent, premiers bobos. Et de ce point de vue-là, autant dire que ces dernières semaines ne nous ont pas épargnés. Qui les adducteurs. Qui des petites entorses. Qui les genoux qui "sifflent". Des pépins gênants, bien sûr, mais pas encore de grosse blessure. Jusqu'à la grosse tuile.Aldo n'est pas seulement le président du club. Malgré ses 55 printemps, il est aussi joueur. Encore. Et pas n'importe lequel. Depuis que l'équipe "trois" a été créée, il y a un peu plus de quatre ans, il en est le capitaine. Un statut qu'il cumule avec celui d'indéboulonnable de l'équipe vétéran, et d'homme providentiel en équipe réserve quand c'est nécessaire, en atteste sa réalisation lors de sa dernière apparition alors qu'il avait fallu remplacer un absent de dernière minute au pied levé. Aldo, c'est un personnage attachant, omniprésent, rigoureux. Qui veut tout savoir. Un hyper-président que le club a la chance d'avoir. Une structure qu'il porte en partie sur ses maigres épaules. Un bagout intarissable. Ce sont d'ailleurs en partie ces caractéristiques pas intrinsèquement sportives qui font de lui le capitaine idéal de l'équipe trois. Un comportement irréprochable. Une dévotion sans faille. Une présence de tous les instants.
Deux entraînements par semaine, un rendez-vous hebdomadaire avec les vétérans, le match du week-end... On se demande même parfois s'il ne rentre pas chez lui en footing après chaque séance. Mais son brassard, Aldo le doit aussi et surtout à une forme étincelante. Alors que bien d'autres à son âge ont abandonné la pratique sportive depuis belle lurette, lui s'en infuse aussi souvent qu'il le peut. Deux entraînements par semaine, un rendez-vous hebdomadaire avec les vétérans, le match du week-end... On se demande même parfois s'il ne rentre pas chez lui en footing après chaque séance. Toujours devant pendant la préparation estivale, toujours en mouvement, le quinquagénaire est une sorte d'ovni dans le groupe seniors, qui force l'admiration. Oui mais voilà, courir trois fois plus que les autres, c'est aussi multiplier d'autant les risques de blessure. Et ce qui devait arriver arriva. Sur une énième intervention en bout de course lors d'une rencontre disputée avec les plus de 35 ans après avoir à peine terminé une séance d'entraînement avec les seniors, un coup. Le genre de faute dans le jeu qui arrive un nombre incalculable de fois, surtout le vendredi avec des joueurs à court de rythme. Celle de trop. Assez pour mettre le président à l'arrêt à deux jours d'un match de Championnat. «Je vous tiens au courant demain matin, si la douleur est passée», a-t-il prévenu. Verdict du samedi ? Encore mal. Celui du dimanche ? Encore mal. Direction les urgences, donc, 72 heures après. Et le couperet est tombé : fracture du péroné, quarante-cinq jours de plâtre. La tuile XXL pour le boulimique de ballon.
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